Le Produit Intérieur Brut (PIB ou GDP en anglais) tel que nous le connaissons est né dans les années 1930 aux Etats-Unis, il s'agit d’un indicateur permettant de mesurer l’impact de la Grande Dépression sur l’économie américaine. En France le PIB apparait en 1946 afin de superviser la reconstruction du pays.
Cet indicateur est calculé comme étant la somme de l’ensemble des biens et services produits et monnayés sur le territoire d’un pays au cours d’une période donnée. Ainsi une augmentation du PIB correspond à une expansion, la fameuse croissance. Au contraire, une diminution indique une récession, la crise.
Chaque événement donnant lieu à une transaction financière est donc comptabilisé par cet indicateur, la construction d’une maison, la création d’un meuble ou l'achat d’une chemise contribuent au PIB et, si vous en vendez plus que l’année précédente, à la croissance. Vous pouvez également mettre le feu à votre maison, raser une forêt et déposer une chemise dans un circuit de recyclage, ces actions contribueront de la même façon à accroître le PIB.
Le PIB est donc amoral, il ne juge aucune action, qu’elle soit bénéfique ou néfaste il comptabilise de la même manière tous les flux financiers. Le PIB ne comptabilise pas les activités non marchandes et encore moins le bien être d’une population.
Sans développement économique et donc de croissance il est difficile de faire progresser le bien-être de sa population mais passé un certain stade de développement la qualité de vie ne progresse plus, l’argent ne se volatilisant pas on dit pudiquement que “les fruits de la croissance ne sont pas partagés équitablement”.
Crédit: Our world in Data
C’est pourtant à l’aune de cet indicateur que les pays sont évalués, que les politiques publiques sont décidées, plébiscitées ou rejetées. Cet indicateur a pris le pas sur tous les autres et conditionne tous les arbitrages, même un indicateur comme taux de chômage est considéré comme un dérivé du PIB. Cette gouvernance par les nombres fait perdre le sens et l’objectif de l’action, ainsi va pour le PIB.
Le problème fondamental posé par cette recherche de la hausse du PIB sont les moyens mis en œuvre pour y parvenir. Il existe une forte corrélation entre le PIB et la consommation énergétique qui est encore pour de longues années fortement dépendante d’énergies fossiles, cette consommation d’énergie alimente le dérèglement climatique. D’autre part, cette croissance du PIB ne se traduit pas par une baisse des inégalités, l’index GINI montre que les inégalités se creusent malgré la croissance du PIB.
Crédit: Jean-Marc Jancovici - l'énergie et nous
Crédit: World Bank
Certains pays ont intégré d’autres indicateurs pour compléter le PIB et surtout arrêter de l’utiliser comme l’unique boussole de l’action politique "In a Nordic welfare state, the economy is managed for the people, not the other way round" explique en préambule de son programme le gouvernement Finlandais sous la direction de sa Première Ministre Sanna Marin.
Dans son livre, "Donut Economics: Seven Ways to Think Like a 21st-Century Economist", Kate Raworth s’oppose à cet objectif de croissance à tout prix, celle que l’on va chercher avec les dents. Elle préfère viser un espace de développement économique qui soit sûr et juste pour toutes et tous. Cet espace est délimité par deux cercles, un cercle intérieur qu’il convient de remplir, celui des besoins humains fondamentaux: accès à l’alimentation, à l’eau, au logement décent, à l'éducation, à l'égalité, à la justice et un cercle extérieur qu’il ne faut pas outrepasser, celui des limites planétaires: le changement climatique, le cycle de l’eau, l’atteinte à la biodiversité, etc.
Crédit: doughnuteconomics.org
C’est cet objectif que nous souhaitons défendre avec Bonjour Doughnut, accompagner les organisations vers cet espace qui définit une économie adaptée au XXIe siècle, une économie au service de toutes et de tous, une économie à nous.
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